L’eau est l’un des produits alimentaires les plus contrôlés en France
A ce titre, elle fait l’objet d’un suivi permanent destiné à garantir la sécurité sanitaire des usagers. Ce
contrôle est assuré par des laboratoires agréés par l’ARS (Agence Régionale de Santé) et a pour but de vérifier que les exigences réglementaires sont respectées à tous les stades, de la protection de la ressource, à l’eau qui s’écoule de nos robinets.
L’ARS recherche désormais de nouveaux composés chimiques, dérivés d’un herbicide, pour accentuer encore plus le principe de précaution. On vous explique tout !
En effet, depuis le 1er janvier 2021, le contrôle sanitaire de la qualité des « eaux potables » a été élargi à de nouvelles molécules. Afin d’améliorer les connaissances sur la qualité de l’eau de consommation et protéger la santé de la population, les agences régionales de santé intègrent régulièrement la recherche de nouveaux métabolites de pesticides dans le contrôle sanitaire.
la chloridazone
Ainsi, l’ARS Hauts-de-France vérifie, comme le prévoit la réglementation européenne, deux nouvelles substances recherchées lors des contrôles que sont la chloridazone desphényl et la chloridazone-méthyl-desphényl, des métabolites du chloridazone. Cet herbicide était essentiellement utilisé pour la culture de la betterave. Avec ces nouvelles analyses, 60 communes des Hauts-de-France sont placées « en surveillance renforcée ». Les analyses réalisées ont montré la présence de ces métabolites de chloridazone dans l’eau de forage qui dessert l’agglomération.
Il est à noter que, avec une teneur en métabolites supérieures à 0.1µg/L pour le territoire creillois, l’eau du robinet n’est pas jugée impropre à la consommation.
Le sujet du dépassement des limites de qualité fixées pour l’eau potable fait l’objet, depuis plus d’un an, d’un suivi attentif de la part de votre intercommunalité en lien avec les autorités sanitaires et le délégataire. Dans un communiqué de presse de septembre 2022 l’ARS précise que :
« La valeur de 0,1 µg/L, dite « limite de qualité » est une valeur environnementale (et non une valeur sanitaire) établie au niveau européen. Une eau contenant des teneurs en métabolites supérieures à 0,1 µg/L est donc qualifié de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément impropre à la consommation. […] L’eau pourra donc continuer à être consommée dans ces communes. Afin de respecter l’objectif environnemental de 0,1 µg/L, qui vise à réduire la présence de ces résidus de pesticides au plus bas niveau, les responsables de la qualité de l’eau devront travailler à la mise en place de mesures curatives dans les 3 ans ».
Face à cette situation, l’Agglomération a interrogé l’ARS sur les conséquences de cette présence dans l’eau. Cette dernière, a confirmé que l’eau restait consommable pour tous les habitants.
La molécule de Chloridazone à l’origine des métabolites est interdite à l’usage agricole depuis décembre 2020. Le sol relâche lentement les molécules, ce qui explique que la molécule est encore présente, mais une diminution naturelle jusqu’à disparition est très probable à long terme.
De manière préventive, l’ACSO travaille en partenariat avec les agriculteurs à la réduction de l’utilisation des produits de traitement depuis 2013 dans le cadre de la protection du champ captant de Précy/Boran et prévoit sur le territoire de l’ACSO des conversions bio dans le cadre du Plan Alimentaire Territorial (PAT).
En effet, le programme d’actions de l’aire d’alimentation de captage et le PAT ouvrent les réflexions à l’installation des cultures qui réduisent fortement l’usage des produits phytosanitaires (chanvre, miscanthus, prairie, agriculture biologique, etc.) et aux opportunités de conversions au bio.
A noter : Entre 2 et 3µg/L, un dispositif de surveillance renforcée est mis en place. Au-delà de 3 µg/L, des restrictions de consommation d’eau doivent être mises en place.
Les teneurs enregistrées sur l’ACSO sont bien inférieures à ces seuils.
Quelle est la qualité de l’eau sur le territoire de l’Agglomération Creil Sud Oise ?
L’ARS émet annuellement une « info-facture », fiche informative à destination des usagers sur la qualité de l’eau qui leur est distribuée.
Plusieurs paramètres y sont analysés : bactériologie, nitrates, pesticides et métabolites pertinents, fluor, perchlorates et dureté, chacun se voyant attribué une note.
Cette année, la forme de l’info-facture a évolué pour intégrer un indicateur global annuel sur la qualité de l’eau distribuée.
L’indicateur global de qualité correspond au classement le plus défavorable obtenu pour l’ensemble des paramètres contrôlés.
Les info-factures faisant la synthèse des relevés de l’année 2023 viennent d’être éditées et doivent être jointes aux prochaines factures envoyées aux usagers du service à partir d’octobre.
L’ARS fonctionne par unité de distribution de l’eau. Sur notre territoire, 4 unités sont concernées :
- Zone de distribution de Creil,
L’eau potable est produite sur notre usine de Précy sur Oise, avec un indicateur de qualité « C : Eau de qualité insuffisante ».
- Zone de distribution de Cramoisy
L’eau potable est produite sur notre usine de Précy sur Oise, il s’agit d’un périmètre de distribution historique du syndicat des eaux de Cramoisy, qui n’a pas été actualisé dans les bases de l’ARS. On retrouve le même indicateur de qualité que sur la zone de distribution de CREIL « C : Eau de qualité insuffisante ».
- Zone de distribution de Saint Maximin
L’eau potable est produite sur l’usine Boran-Foret du Lys de SUEZ située à Lamorlaye, avec un indicateur de qualité « C : Eau de qualité insuffisante ».
- Zone de distribution de Rousseloy,
L’eau potable est produite sur notre usine de Rousseloy, eau de qualité « A : Bonne qualité » dans tous les paramètres.
Qu’est-ce que les PFAS ?
Les substances per- et polyfluoroalkylées, nommées PFAS, sont largement utilisées depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs. On en retrouve dans les produits de consommation courante comme certains emballages alimentaires en papier et en carton, les ustensiles de cuisine anti-adhésion, les embouts buccaux de cigarette électronique, les semelles de fers à repasser, certains produits ménagers, les isolants pour fils électriques etc.
Les PFAS sont qualifiés de « polluants éternels » car ils se dégradent très peu, avec la possibilité d’en retrouver des traces dans l’environnement pendant de très nombreuses années.
Comment sommes-nous exposés aux PFAS ?
La présence de PFAS dans l’environnement est due à l’activité humaine. Il s’agit d’une famille de près de 10 000 composés chimiques. Du fait de l’utilisation variée de ces composés chimiques et de leur persistance, on peut les retrouver dans tous types de milieux : l’eau, l’air, les sols et la chaîne alimentaire. Toute la population est potentiellement exposée, à des niveaux variables selon son lieu et ses habitudes de vie.
Le PFOA (acide perfluorooctanoïque) et le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) par exemple ont été retrouvés dans l’organisme pour 100% des adultes et enfants qui ont pris part à des études menées par Santé publique France.
Quel sont les risques liés à la présence de PFAS dans l’eau ?
Les études sur les potentiels effets des PFAS sur la santé sont très nombreuses et présentent des degrés de certitude divers. Quatre effets potentiels sont fréquemment cités : la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, la dyslipidémie (anomalie lipidique due à du cholestérol et/ou des triglycérides élevés), la baisse du poids de naissance, l’augmentation du risque de cancer du rein.
D’autres types d’effets sur la santé sont suspectés comme par exemple : maladies thyroïdiennes,troubles de la reproduction, de la fertilité, mais avec un niveau de preuve scientifique moins élevé, sur la base des connaissances acquises à ce jour.
L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a considéré que 4 PFAS devaient faire l’objet d’une attention particulière car ils contribuent le plus à l’exposition et au risque potentiel pour la santé : PFOA, PFNA, PFHxS, PFOS
Qu’est-ce que la « limite de qualité » fixée à 0,1 μg/L pour le total des 20 PFAS ?
La « limite de qualité » (0,1 μg/L pour la somme des 20 PFAS) est uniquement une valeur environnementale (et non une valeur sanitaire) établie au niveau européen. Comme son nom l’indique, cette « limite de qualité » a pour objectif de réduire la présence de ces résidus au plus bas niveau de concentration dans l’eau. Une eau contenant une concentration pour la somme des 20 PFAS supérieure à 0,1 μg/L est donc qualifiée de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément impropre à la consommation.
Pour autant, le dépassement de la limite de qualité est révélateur de la présence dans l’environnement de substances qui ne devraient pas s’y retrouver. Son dépassement implique ainsi la mise en place de mesures correctives par le gestionnaire afin de diminuer au maximum la présence de la substance en question.
Pour aller plus loin
Qu’est-ce qu’un métabolite ?
Les métabolites sont des molécules issues de la dégradation des pesticides. En clair: lorsqu’ils se diffusent dans l’environnement, les pesticides se fragmentent et se recombinent. Chaque produit phytosanitaire peut ainsi engendrer plusieurs nouvelles molécules. Exemple le chloridazone devient le chloridazone desphényl.
Qu’est-ce que la chloridazone ? En retrouve-t-on dans l’eau ?
La chloridazone est un pesticide qui a été utilisé principalement dans la culture des betteraves jusqu’en décembre 2020. L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires, indique que la chloridazone ne présente aucun potentiel cancérigène ou mutagène pour l’Homme.
L’ARS Hauts-de-France recherche la chloridazone lors du contrôle sanitaire de l’eau du robinet depuis plus de 10 ans. Ce pesticide a été ponctuellement détecté dans tous les départements, en quantité très limitée et toujours inférieure à 0,1 microgramme par litre (μg/L). Il n’y a jamais eu d’alerte sanitaire en Hauts-de-France sur la chloridazone dans l’eau du robinet, ni de restriction de la consommation de l’eau pour cette raison.
Pourquoi recherche-t-on ces métabolites de pesticide maintenant ?
Chaque année, l’ARS Hauts-de-France réalise plus de 22 000 prélèvements et analyses d’eau de consommation, sur plus de 6 000 points de surveillance répartis dans toute la région. Près de 800 substances sont recherchées lors de ces contrôles, faisant ainsi de l’eau du robinet l’aliment le plus contrôlé. L’Union Européenne et le Ministère de la santé ont demandé aux ARS fin 2020 de rechercher de nouvelles substances, parmi lesquelles les métabolites de pesticides pertinents. Avec un objectif clair : renforcer, encore et toujours, les connaissances permettant de garantir la qualité et la sécurité de l’eau que nous consommons. Dès lors que ces métabolites ont été classés par l’ANSES comme devant faire l’objet d’une attention particulière, l’ARS Hauts de France les a intégrés en janvier 2021 dans la liste des substances recherchées dans l’eau du robinet.
Qu’est-ce que la « limite de qualité » (0,1 μg/L) ?
La « limite de qualité » (0,1 μg/L pour les métabolites) est uniquement une valeur environnementale (et non une valeur sanitaire) établie au niveau européen. Comme son nom l’indique, cette « limite de qualité » a pour objectif de réduire la présence de ces résidus de pesticides au plus bas niveau de concentration dans l’eau. Une eau contenant des teneurs en métabolites supérieures à 0,1 μg/L est qualifié de « non conforme » au regard de cette valeur environnementale, mais elle n’est pas forcément impropre à la consommation. La consommabilité de l’eau est établie au regard d’une autre valeur, fixée par l’ANSES : la valeur sanitaire maximale (Vmax).
Qu’est-ce qu’une « valeur sanitaire maximale » ?
La valeur sanitaire maximale (Vmax), c’est-à-dire le taux de métabolite au-delà duquel l’eau pourrait présenter un risque pour la santé et ne peut plus être consommée, n’a pas encore été établie par l’ANSES pour les métabolites de la chloridazone. L’ANSES note par ailleurs que lorsqu’une Vmax est établie pour des métabolites, celle-ci est, dans la très grande majorité des cas, supérieure ou égale à celle de sa substance active (la Vmax pour la chloridazone est de 222 μg/L).
Le chlorothalonil
Le chlorothalonil R471811 a été classé comme molécule non pertinente parl’ANSES en mai 2024. Ce déclassement signifie que cette molécule n’est plus considérée comme non conforme dans nos eaux.
Pour plus d’informations :
- ARS FAQ
- Les résultats des contrôles sanitaires, commune par commune, sont disponibles en mairie par voie d’affichage ou consultable sur le site internet du ministère de la Santé